Déjà 2 mois que nous sommes en route.
La Calabre est désormais derrière nous… à nous les Pouilles ! C’est avant l’aube que nous contrôlons le moteur, que nous embarquons câble électrique, tuyau d’eau et passerelle pour larguer pendilles et amarres dans un silence nocturne tout juste troublé par quelques chuchotements et rires étouffés et le satané test automatique de l’alarme moteur.
Maloya II quitte sa place à quai discrètement dans un léger ronronnement de cale moteur et la mer qui reprend son clapotis contre l’étrave.
71 milles aujourd’hui soit autour de 14 heures de navigation dont 10 sans réseau puisque nous serons en pleine mer entre la semelle et le talon de la botte italienne. Dans cette fin de nuit encore noire il convient d’ajuster notre route au sortir du port en « slalomant » entre les quelques plateformes pétrolières (apparemment elles existent même ici) et pourquoi en évitant par hasard bateau de pêche croisant notre route sans aucun feu… 😰 Petit café entre barreurs ou plutôt entre maître et élève.
Le vent est faible voire nul sur la première moitié du parcours et monte un peu autour de midi permettant de déployer toute notre surface de voile et de gagner en vitesse et en confort avec un appui moteur à 1500tr/min. La journée passe entre bains de soleil, séance de gym sur le pont, lectures, baignades, échanges entre les équipiers, temps de sieste et points route auxquels on peut ajouter les bricolages et l’inspection du bord, ici une filière, la un graissage ou des ajustements.
Chacun peut y prendre le temps de la réflexion, de l’introspection, de la concentration et celui de la contemplation de ce qui nous entoure. Ainsi, la notion de temps habituelle se distant, nous offrant des champs d’occupation aussi simples et constructifs qu’insoupçonnés. C’est donc une forme de réponse à la question que beaucoup nous posent : « mais que pouvez vous bien faire sur un bateau toute la journée ? ».
Ce que notre société a transformé en évidence, en du ou en nécessité devient illusoire. Nous sommes contraints de revenir à l’essentiel en pensant notre sécurité, notre autonomie, la force des éléments que sont le vent, les orages, la mer, les zones que nous fréquentons etc…. Voilà pour les digressions philosophiques 🧐
15.30 nous redécouvrons la terre qui se dessine progressivement dans la brume au loin sur bâbord. Un relief plutôt plat que ce talon que forment les Pouilles.
Grâce à des vitesses de 6,5 à 7,2 knts nous atteignons Santa Maria Di Leuca près de 2 heures avant l’ETA du départ. Après les marinas désuètes des Calabre nous entrons dans une effervescence « tropezienne » tout au bout du continent européen.
Nous finissons par obtenir une place impossible à réserver à l’avance. Une soirée de retour à la civilisation, toute italienne, faite d’exubérance latine et de charmes cultivés au féminin le plus souvent. Un spot estival de la bourgeoisie italienne sans aucun doute. En tout cas, architecture des habitations, esthétisme vestimentaire et grandiloquence des interpellations de toutes sortes pourraient bien témoigner de ce raffinement dont les habitants de cette région des pouilles sont souvent qualifiés.
Une belle soirée restaurant La sacrestia, sa glace et l’expresso Italien de la marina face au petit orchestre de jazz nous ont rappelé que ce convoyage était aussi des vacances… !
L’équipage de Maloya II
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